Au Congo, le secteur de l’hôtellerie occupe une place singulière dans l’économie : longtemps tiré par le tourisme d’affaires, il s’est structuré autour d’investissements publics et privés importants, donnant naissance à un parc hôtelier varié, moderne et attractif. Pourtant, sous cette dynamique apparente, le secteur traverse une phase de stagnation, marqué par une concurrence de plus en plus forte et déloyale, une surcapacité persistante et des défis fiscaux majeurs.
Un développement historique porté par le tourisme d’affaires
Depuis les années 2000, l’essor institutionnel et économique du pays a stimulé la construction d’hôtels à Brazzaville comme à Pointe-Noire : grandes enseignes internationales, établissements haut de gamme, hôtels d’affaires, résidences hôtelières…
Cependant, cette croissance est restée déconnectée de la demande réelle : le tourisme de loisir demeure marginal, faute d’une véritable politique touristique publique, d’un marketing touristique structuré et d’une accessibilité aérienne suffisante (la situation actuelle, avec une seule agence aérienne qui dessert dans tout le pays en est la manifestation la plus probante). Résultat : une surcapacité hôtelière qui fragilise les marges et limite la rentabilité du parc existant.
Le secteur se caractérise aujourd’hui par une grande diversité d’acteurs :
Mais cette diversité a également généré une concurrence souvent déséquilibrée. L’essor rapide et parfois anarchique des petits hôtels et appart’hôtels non déclarés fausse le marché : absence de licences officielles, non-respect des obligations fiscales et pression constante sur les prix. Cette situation crée un désavantage concurrentiel pour les établissements formels, dont les marges se contractent face à des acteurs qui se soustraient aux règles. Au-delà de l’impact financier, cette informalisation affecte la qualité globale du service, car ces structures échappent aux standards d’hygiène, de sécurité et de confort. Elle nuit ainsi à la réputation du secteur et limite le développement d’un marché hôtelier structuré et compétitif.
Des contraintes fiscales et réglementaires qui freinent l’investissement
La fiscalité hôtelière, jugée lourde, complexe et inégale, reste l’un des principaux obstacles :
Qui plus est, cette perception de la fiscalité hôtelière comme un étouffoir tend à se conforter lorsque l’on constate que dans un pays comme le Gabon, il existe des incitations fiscales attractives pour le secteur hôtelier : les investissements supérieurs à 300 millions FCFA bénéficient d’une exonération d’impôt sur les sociétés (IS) pendant 3 ans, tandis que les projets plus modestes peuvent obtenir un crédit d’impôt sur 5 ans. À cela s’ajoute une problématique sensible : les dettes des administrations publiques envers les hôtels, certaines remontant à la période COVID-19. Ce manque de liquidité fragilise les établissements et menace les investissements futurs.
Vers une nécessaire refondation du modèle hôtelier congolais
Pour rendre le secteur compétitif, nous devons nous engager dans une transformation profonde, articulée autour de plusieurs priorités :
Sans ces réformes, les perspectives resteront limitées, mais avec un cadre modernisé et une stratégie touristique ambitieuse, le Congo dispose d’un potentiel réel pour faire de l’hôtellerie un pilier de la diversification économique.
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