MOT DE L'EXPERT : La finance digitale au service de tous

Un Levier d'inclusion et de croissance économique

La technologie financière (FinTech) n’est plus un gadget : c’est un levier de politique économique. Elle rend accessibles paiement, transfert, épargne, crédit et assurance à des populations exclues du système bancaire classique. En Afrique, le téléphone mobile est désormais la première porte d’entrée aux services financiers, devançant l’agence bancaire.

En Afrique de l’Ouest, cette transformation est déjà industrialisée.

Dans l’UEMOA, l’inclusion financière atteint 73,6% en 2024, portée par près de 248 millions portefeuilles mobiles. Pour des millions de citoyens, le premier « compte financier » n’est plus un compte bancaire, mais un portefeuille mobile (wallet). La monnaie électronique représente plus de la moitié de l’inclusion financière régionale, soutenue par la Plateforme Interopérable du système de Paiement Instantané (Pl-SPI) lancée par la BCEAO pour des transactions rapides, sores et peu coûteuses.

En Afrique centrale, longtemps en retrait, la dynamique s’accélère.

Dans la CEMAC, l’inclusion financière avoisinait 32% en 2021. La BEAC vise 60% d’ici à 2029 puis 75% à l’horizon 2032. Le mobile money est désormais encadré comme un établissement de paiement, soumis à des exigences prudentielles. En 2023, la valeur des transactions de monnaie électronique a dépassé 28 900 milliards FCFA. Par ailleurs, la plateforme GIMACPAY facilite l’interopérabilité entre comptes bancaires et wallets, rapprochant progressivement finance traditionnelle et finance digitale.

Dans notre pays, le Congo, l’inclusion financière est désormais une priorité nationale. Le taux de bancarisation stricte reste faible, autour de 12% des adultes (24% en incluant la microfinance). En revanche, l’accès aux comptes de paiement mobile atteint déjà, 115% des adultes, grâce à la multi-détention de wallets Airtel Money et MTN Money. Au premier trimestre 2024, l’ARPCE recensait près de 8,8 millions d’abonnés aux services Mobile Money au Congo, dont environ 3,35 millions d’utilisateurs actifs. Pour beaucoup de Congolais, le premier point de contact financier n’est plus l’agence bancaire : c’est le portefeuille mobile.

L’écosystème fintech congolais se diversifie rapidement. Aux deux opérateurs du mobile money s’ajoutent des acteurs comme Noki Pay, Dadanada, Ascapay, Tosa, Wortis, Onyfast, Digipay, Cofinco ou Nyota. Ces plateformes couvrent les paiements digitaux, le commerce en ligne, les transferts d’argent, les encaissements marchands et, progressivement, des services financiers du quotidien accessibles depuis un téléphone portable.

Le défi pour notre pays n’est plus seulement l’accès, mais la confiance et la profondeur de service. Il faut garantir la transparence tarifaire, la sécurité des transactions et la continuité du service jusque dans les zones rurales. Le régulateur professionnalise les acteurs fintech et renforce la traçabilité, la protection du consommateur et l’éducation financière.

Pour le Congo, les priorités pour les prochaines années sont claires : réduire l’usage du cash au profit du paiement digital interopérable ; étendre les services via mobile money (épargne sécurisée, micro­assurance, nana-crédit productif pour les petits commerçants et les travailleurs informels) ; utiliser l’historique des transactions pour bâtir un scoring crédit local ; et digitaliser les flux essentiels (salaires publics, aides sociales, factures d’eau et d’électricité). Les banques avancent déjà dans ce sens en s’alliant avec les fintech afin de « ne laisser personne sur le côté ».

 

 

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